Balbuzard pêcheur & Pygargue à queue blanche
Le Plan National d'Actions
Le Plan national d’actions en faveur du Balbuzard pêcheur et du Pygargue à queue blanche est mis en œuvre pour une durée de 10 ans.
Pour le Balbuzard pêcheur, l’objectif est de conserver les populations existantes et d’assurer le retour de l’espèce en France sur l’ensemble des bassins hydrographiques et sur le littoral corse.
Pour le Pygargue à queue blanche, l’objectif est d’accompagner et de favoriser le retour de l’espèce en France en préservant les couples nicheurs et en assurant la concertation entre les différents acteurs agissant en faveur de l’espèce et les usagers.
Pour améliorer l’état de conservation du Balbuzard pêcheur et du Pygargue à queue blanche et pour réduire les menaces pour ces deux espèces, 6 objectifs spécifiques sont identifiés :
- Acquérir davantage de connaissances sur ces espèces pour améliorer l’efficacité des mesures de conservation
- Préserver l’habitat des deux espèces et accompagner l’expansion de leur aire de répartition
- Soutenir les dynamiques de population en réduisant les causes de mortalité et d’échecs de la reproduction
- Permettre de concilier préservation des espèces et activités humaines
- Favoriser la coopération internationale avec les pays concernés
- Coordonner le plan, soutenir les réseaux, promouvoir les échanges et sensibiliser
La stratégie de conservation distingue différentes situations au niveau du territoire avec ses propres problématiques et donc des enjeux spécifiques.
Animateur national : La coordination technique de ce PNA est assurée par la DREAL Centre-Val de Loire qui a désigné la LPO comme animatrice du plan.
Animation et déclinaison régionale
La déclinaison régionale de ce PNA ne concerne actuellement que le Balbuzard pêcheur, car il n’y a pas encore de Pygargue à queue blanche nicheur en Auvergne-Rhône-Alpes. Les Aigles du Léman gèrent le programme de réintroduction du Pygargue.
Animateur régional : LPO Auvergne-Rhône-Alpes
Les 10 actions du PNA Balbuzard
1 • Suivre les populations de Balbuzard pêcheur
2 • Réactiver une veille sanitaire (pas déclinée en AuRA)
3 • Renforcer les actions de préservation des habitats favorables et des sites de nidification
4 • Limiter les perturbations anthropiques
5 • Réduire et prévenir les facteurs de mortalité d’origine anthropique
6 • Évaluer l’impact des aigles pêcheurs sur les activités piscicoles (pas déclinée en AuRA)
7 • Favoriser l’installation de nouveaux noyaux de population
8 • Soutenir la coopération internationale, en priorité vers la Méditerranée (pas déclinée en AuRA)
9 • Communiquer et sensibiliser auprès des professionnels et du grand public
10 • Animer et coordonner la mise en œuvre du plan
Les actions locales
Le Plan National d’Action est décliné dans l’Allier puisque cet aigle est présent dans le Bourbonnais depuis les années 2010.
Dans l’Allier, nous comptons trois couples dont un couple installé au sein de la Réserve Naturelle du Val d’Allier, à proximité de Moulins. Chaque année, le coordinateur salarié LPO et une équipe de bénévoles surveillent attentivement le retour de ces grands migrateurs, afin de s’assurer de la réussite de la reproduction. On dénombre déjà 15 jeunes qui ont pu s’envoler depuis 2018.
Pour aller plus loin, et grâce au financement débloqué par le PNA coordonnée par la DREAL Centre-Val de Loire, des actions seront mises en place entre 2020 et 2029 pour permettre le maintient et la conservation de ces oiseaux.
Suivi de la reproduction des couples connus et recherche d’autres nids
Ces suivis, réalisés avec l’aide de bénévoles, permettent de cartographier la répartition du Balbuzard pêcheur et son éventuel expansion sur le territoire bourbonnais.
Baguage des jeunes
Un ornithologue, possédant le permis de baguage spécialiste des Balbuzards, effectue le baguage des jeunes avant qu’ils ne prennent leur envol. Cela permet de voir s’ils reviennent se reproduire dans l’Allier après deux années d’errance en Afrique. Le non retour des jeunes bagués peut permettre d’obtenir un taux de mortalité des juvéniles.
Sensibilisation des partenaires sur le Balbuzard pêcheur : forestiers, pêcheurs, activités et loisirs extérieurs (canoë, VTT…)
Des échanges sont proposés afin d’apporter une nouvelle vision d’une gestion pouvant être favorable à l’installation de couples nicheurs. Une sensibilisation des usagers de la nature, par l’intermédiaire de stands et de plaquette d’information, est mise en place pour permettre de concilier sport et nature.
Installation de plateformes de nidification
Afin de favoriser le retour de nouveaux couples, la mise en place de plateformes sur des arbres hauts sera effectuée en milieu forestier et à proximité des cours d’eau.
Pourquoi un PNA ?
Le Balbuzard pêcheur avait complètement disparu de la France continentale suite à son extermination lors du XIXème siècle. Seuls subsistaient 3 couples en Corse dans les années 1970. C’est en 1983 qu’il a fait son grand retour en France, avec une première
reproduction en forêt d’Orléans. Depuis, sa population se développe en Centre-Val de Loire, en progressant lentement vers les régions voisines. En effet, le Balbuzard est philopatrique, ce qui signifie que les jeunes se reproduisent là où ils ont pris leur envol. Ce phénomène réduit alors la capacité de
l’espèce à conquérir de nouveau territoire.
En Auvergne-Rhône-Alpes, la première reproduction n’a eu lieu qu’en 2018, sur la Réserve Naturelle du Val d’Allier. Depuis, deux nouveaux couples se sont installés pour nicher sur le Val d’Allier. La population naissante en Auvergne-Rhône-Alpes est donc très fragile avec seulement trois couples en 2023, tous localisés dans le département de l’Allier.
Comme de nombreux rapaces, le Balbuzard pêcheur a dû faire face à la destruction de son habitat naturel, de ses nids et de ses couvées, et a été victime de campagnes de destruction organisées. Son retour en tant que nicheur en France n’aurait pu avoir lieu sans la protection juridique dont il a bénéficié à partir des années 1970. Les pressions qui s’exercent sur cette espèce sont multiples et sont, pour la plupart, liées aux activités humaines.
Dérangement
L’exploitation forestière ainsi que les activités récréatives et touristiques ont un impact sur la reproduction des Balbuzards si elles sont mal réglementées.
Dégradation de l’habitat
La fragmentation et la perte de milieux favorables disponibles impactent directement leur cycle de vie et leur capacité à se reproduire, se nourrir et se déplacer. La gestion forestière est donc déterminante.
Empoisonnement et intoxication
Les poissons concentrent les produits toxiques présents dans les milieux aquatiques. En les consommant, ils s’accumulent dans l’organisme du Balbuzard, entrainant des maladies, voire la mort des oiseaux.
Destruction directe
Les tirs illégaux sur le territoire français, ainsi que pendant la migration ou sur leur site d’hivernage, ont des conséquences directes sur les populations.
Électrocutions et percussions avec les installations
Les lignes et pylônes électriques représentent une cause de mortalité majeure.
Collision avec les éoliennes
De très rares cas sont notés.
Le Balbuzard pêcheur
Le Balbuzard pêcheur, comme tous les rapaces, figure sur la liste des espèces protégées par le code de l’Environnement. Ainsi, sont interdits l’atteinte aux spécimens (destruction, perturbation, capture des animaux…), mais aussi la destruction des habitats réputés nécessaires à sa reproduction, tout comme le commerce, le transport, la naturalisation des spécimens prélevés dans le milieu naturel.
On le reconnaît à sa tête blanche, son masque noir et ses yeux jaunes. Son plumage est brun sur le dessus et blanc sur le dessous, à l’exception d’une tâche sombre au niveau du poignet (articulation de l’aile) et d’une barre brune. Les
jeunes se reconnaissent à leur plumage écailleux sur le dos.
Le Balbuzard pêcheur se nourrit uniquement de poissons (carpes, truites, etc.). Il repère ses proies à la surface de l’eau, en vol ou depuis un perchoir. Il capture le poisson en un plongeon spectaculaire, les pattes tendues en avant, en s’immergeant parfois presque totalement. Il exploite tous les milieux aquatiques : mers, lagunes, fleuves, lacs et étangs.
Le Balbuzard construit généralement son nid à la cime des arbres, mais peut aussi utiliser les pylônes électriques. Le couple étant très fidèle à son site de reproduction, il utilise le même nid chaque année en le rechargeant de branches, ce qui les rend très imposants.
Le Balbuzard est capable de traverser les grandes étendues marines. Il migre en solitaire sur un large front à travers les mers et les déserts, même par mauvais temps. Dès la mi-août, les départs en migration commencent en direction des sites d’hivernage en Afrique de l’Ouest, principalement au Sénégal et en Gambie.