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La mise en défens de parcelles comme moyen de protection du Râle des genêts, en collaboration avec les agriculteurs

La mise en défens de parcelles comme moyen de protection du Râle des genêts, en collaboration avec les agriculteurs

Le Râle des genêts

La situation du râle des genêts est préoccupante, il fait partie des oiseaux les plus menacés de disparition dans notre pays et dans toute l’Europe. Dans les années 1980, on trouvait plusieurs milliers de mâles chanteurs sur notre territoire, contre quelques dizaines ces dernières années.
Pour exemple voici les effectifs 2020, Maine et Loire : 49 à 53 ; Aube : 26 ; PACA : 17 ; Haute-Saône : 15 ; Auvergne-Rhône-Alpes : 11 ; Aisne : 5 à 8 (source PNA).
Pourtant, depuis 1996, un plan européen d’action est mis en place, il est retranscrit en 2005 au niveau national et devient en 2009, un Plan National d’Actions (PNA), animé par la LPO.

La mise en défens

Le Râle des genêts est une espèce discrète, nichant dans les hautes herbes et donc particulièrement sensible à la destruction des nichées par les engins agricoles lors des travaux de fauche. Dans le cadre du PNA en faveur de l’espèce, la mise en place de mesures de mise en défens, a minima au 15 juillet, voire jusqu’au 15 septembre, est proposée autour de la zone de contact avec un mâle chanteur. La mise en défens se fait si possible sur une mosaïque de parcelles afin de proposer une surface toujours en herbe aux jeunes non volants (voir ci-dessous).

Illustration de la protection du Râle des genêts par mise en défens
Illustration de la protection du Râle des genêts par mise en défens © PNA Râle des genêts 2023-2032

Cette mise en défens est indemnisée (hors parcelles en MAEC avec retard de fauche) et le montant à l’hectare varie chaque année et selon les départements.
En AuRA, en 2023 et 2024, des observations de mâles chanteurs ont fait l’objet d’un accompagnement des agriculteurs propriétaires et exploitants avec pour objectif la mise en défens de parcelles dans la Drôme, dans le Cantal, dans l’Ain et en Ardèche.

Dans la Drôme

Dans la Drôme, un mâle chanteur a été contacté le 15/06/2023 à Plan-de-Baix. Le propriétaire des parcelles sur lesquelles une mesure d’urgence aurait pu être mise en place a été contacté. Malgré un dialogue courtois et des efforts de sensibilisation importants, l’agriculteur a exprimé son refus de mettre en place un retard de fauche ou une quelconque action en faveur de l’espèce. Puisqu’il était probable que le mâle ne soit pas cantonné, les tentatives de mise en place d’une mesure d’urgence ont été abandonnées.

Dans le Cantal

Données de Râle des genêts en juillet 2023 sur la narse de Nouvialle
Données de Râle des genêts en juillet 2023 sur la narse de Nouvialle © LPO AuRA

Dans le Cantal, en 2023, un mâle chanteur a été contacté à plusieurs reprises en juillet, sur la narse de Nouvialle (commune de Valuejols ; voir ci-contre).Il s’est avéré que seules deux parcelles n’étaient pas encore fauchées autour de la zone de contact de l’individu. Parmi ces parcelles, l’une était pâturée, avec mise à disposition progressive des surfaces aux animaux. Une première rencontre avec les deux exploitants des parcelles a eu lieu, avec une conclusion plutôt positive puisque les deux étaient partants pour la mise en place d’une mesure d’urgence avec mise en défens jusqu’au 15 septembre. L’un des deux exploitant s’est malheureusement rétracté quelques jours plus tard lors d’un nouveau rendez-vous pour concrétiser la mise en place de la mesure d’urgence. La mise en défens d’une des parcelles a tout de même été possible.

Dans l’Ain

Dans l’Ain, avant les années 2000, le Val de Saône pouvait compter plus de 120 individus. Ce nombre n’a cessé de diminuer ces 20 dernières années, la courbe ci-contre montre que ce déclin est accentué depuis le début des années 2000.

Évolution du nombre de râle des genets en Val de Saône (Ain) de 1991 à 2015
Évolution du nombre de râle des genets en Val de Saône (Ain) de 1991 à 2015 (source Joel Broyer, OFB)

Des parcelles en convention « fauche tardive » ont permis de maintenir une vingtaine de mâles chanteurs ces dix dernières années, en grande partie grâce au travail mené par l’OFB et l’EPTB Saône Doubs (animateur du site N2000 jusqu’en 2023). Alors que les résultats de l’année 2022 et 2023 étaient au plus bas, les prospections organisées par la LPO et différentes autres observations sur le printemps 2024, ont permis de contacter pas moins de quatre mâles chanteurs sur le secteur d’Arbigny, une excellente nouvelle !

Secteurs visés par les mesures d’urgence dans le Val de Saône (Ain) en 2024
Secteurs visés par les mesures d’urgence dans le Val de Saône (Ain) en 2024

En collaboration avec la Chambre d’Agriculture de l’Ain et le Conservatoire d’Espaces Naturels Rhône-Alpes, propriétaire d’une partie des parcelles visées par les mesures d’urgence, ce sont 19,6 ha qui ont pu être mis en défens jusqu’au 15/07, 1ha jusqu’au 25/07 et 10,86ha jusqu’au 31/08 soit 31,6ha contractualisés au total.

En Ardèche

En Ardèche, pour la première fois dans le département, 2 mâles chanteurs ont été contactés fin juin 2024 sur les prairies naturelles humides du Plateau ardéchois. Situés à 500 mètres l’un de l’autre, le premier situé dans des parcelles de fauche en prairies naturelles et le second en zone humide pâturée par des bovins tard en saison, les agriculteurs ont pu être contactés rapidement pour mettre en place des mesures d’urgence. Suite aux rencontres avec les agriculteurs, 7,80 ha ont pu être mis en retard de fauche jusqu’au 31/08 et 1,90 ha jusqu’à fin juillet.

Parcelles concernées par les mesures d’urgence sur le plateau ardéchois (Ardèche) en 2024
Parcelles concernées par les mesures d’urgence sur le plateau ardéchois (Ardèche) en 2024 © LPO AuRA
Zone humide pâturée en Ardèche où l’un des mâles chanteurs a été contacté en 2024
Zone humide pâturée en Ardèche où l’un des mâles chanteurs a été contacté en 2024 © LPO AuRA
Prairie de fauche en Ardèche où l’un des mâles chanteurs a été contacté en 2024
Prairie de fauche en Ardèche où l’un des mâles chanteurs a été contacté en 2024 © LPO AuRA

Un grand merci à tous les acteurs du territoire, notamment agriculteurs, institutions et associations de protection de l’environnement, dont la collaboration étroite aura permis de proposer à ces individus d’une espèce en grand déclin en France les meilleures conditions possibles pour assurer, nous l’espérons, leur reproduction avec succès !

La mise en place de cette action a pu avoir lieu grâce au cofinancement de la LPO France dans le cadre de la récolte de fonds 2022 de ZEvent (2023 et 2024), de la DREAL (2023 et 2024), du Conseil Départemental de l’Ain (2024) et de la Région (2024).