Milan royal
Le Plan National d'Actions
Au début des années 90, le Milan royal connaît, en France, une chute brutale de ses effectifs et une réduction de son aire de répartition. L’espèce est victime de la dégradation et de la perte de son habitat de prédilection,de la diminution des ressources alimentaires, et d’autres menaces anthropiques (intoxications, tirs, collisions…).
Face à ce constat, un premier plan national de restauration de l’espèce (2003-2007) a été mis en œuvre.
Malgré les actions entreprises et quelques succès remportés, le Milan royal reste dans un mauvais état de conservation. Au regard de ses engagements internationaux en faveur de la biodiversité et des obligations communautaires, la France doit poursuivre et renforcer les actions en vue d’améliorer l’état de conservation de cette espèce. Au-delà du corpus réglementaire permettant une protection stricte de l’espèce en France, des actions spécifiques doivent être réalisées pour augmenter les effectifs de l’espèce.
Un second plan national d’action (2018-2027) , piloté par la DREAL Grand-Est et animé par la LPO France, a pour objectifs de :
- Faire progresser les connaissances sur l’espèce afin de mettre en place et d’améliorer les actions de conservation ;
- Rétablir un état de conservation favorable dans les bastions de l’espèce;
- Étendre l’aire de répartition du Milan royal au-delà de ces bastions afin de retrouver une population viable à l’échelle de l’aire de répartition indiquée par l’atlas des oiseaux nicheurs de 1994 ;
- Contribuer au maintien ou à l’amélioration des pratiques agricoles en faveur de la biodiversité et du paysage ;
- Sensibiliser l’ensemble des acteurs concernés par la conservation du Milan royal en France et rechercher une collaboration en Europe.
Ces objectifs spécifiques se déclinent en 19 actions à mettre en œuvre, chacune d’entre elles faisant l’objet d’une fiche descriptive.
Dans le massif central qui abrite la première population française nicheuse, l’objectif est d’expliquer la contraction de l’aire de répartition et d’étendre cette aire à partir des noyaux locaux. L’hivernage est important mais variable en fonction des conditions climatiques. La fixation de nouveaux noyaux nicheurs passe peut-être par l’aide au développement de l’hivernage.
Animateur national : LPO France
Animation et déclinaison régionale
En Auvergne-Rhône-Alpes, l’animation régionale de ce PNA est actuellement confiée par la DREAL à la Ligue de Protection des Oiseaux Auvergne-Rhône-Alpes , pour la période 2018-2020, suite à un appel à manifestation d’intérêt.
Animateur régional : LPO Auvergne-Rhône-Alpes
Le Milan royal
Le Milan royal (Milvus milvus) est un magnifique voilier. Son vol nonchalant à faible altitude, sa longue queue rousse et échancrée ainsi que les placards blancs du dessous de l’aile en font un rapace facilement reconnaissable.
Le Milan royal est un rapace lié aux espaces agricoles ouverts et vallonnés où s’exercent des activités de polyculture et d’élevage extensif dans lesquels les prairies et pâturages sont nécessairement dominants. Il construit son nid dans la fourche principale ou secondaire d’un grand arbre, généralement à moins de 100 mètres de la lisière d’un massif forestier, à flanc de coteau, ou parfois dans les haies avec de gros arbres mais le plus souvent dans de petits bosquets, plus rarement dans un arbre isolé.
Le régime alimentaire de cette espèce opportuniste est très varié et dépend des conditions locales. Si les micromammifères (campagnol des champs, campagnol terrestre et taupe) constituent la base de son alimentation, le Milan royal se nourrit également d’oiseaux (passereaux et jeunes corvidés essentiellement). Les invertébrés de la litière (vers de terre, grillons, perce-oreilles) mais aussi les insectes aériens représentent une part importante de son alimentation. Le Milan royal est également charognard : il exploite volontiers les fauches et les labours derrière les tracteurs. Les restes d’animaux domestiques, récupérés à l’état de déchets sur les centres d’enfouissement, aux abords des élevages et de fermes ainsi que l’avifaune et les mammifères victimes du trafic routier, représentent aussi une part importante de son alimentation.
Migrateur partiel, l’essentiel de la population migre tardivement, au cours du mois d’octobre, jusqu’en Espagne, tandis qu’une autre partie reste tout l’hiver dans les zones de reproduction tant que l’absence de couverture neigeuse le lui permet. Le retour vers les sites de reproduction a lieu dès fin janvier et surtout en février, jusqu’en mars pour les oiseaux plus nordiques. Les juvéniles sont d’avantage migrateurs, partant un peu plus tôt (en septembre) et remontant plus tardivement (en avril, voire seulement en mai). Espèce grégaire en dehors de la période de reproduction, le Milan royal forme des dortoirs communautaires lors des haltes migratoires ou en hiver pouvant compter plusieurs centaines d’individus.
Plus de 70 % de la population mondiale de cette espèce endémique d’Europe de l’Ouest évolue en Allemagne, Espagne et en France. La France a une responsabilité majeure pour la conservation du Milan royal dans le monde. En effet, la population nicheuse française est la deuxième plus importante au monde après l’Allemagne, elle est estimée entre 2 340 et 3 020 couples (Enquête LPO/CNRS, 2008) soit près de 12 % de la population mondiale. Selon les hivers, de 5 000 à 10 000 individus hivernent également sur notre territoire, principalement dans les Pyrénées et le Massif central. Notre pays est survolé par les populations continentales et nordiques lors des migrations automnales et printanières.
En région Auvergne-Rhône-Alpes, nous estimons la population nicheuse à 600-1 000 couples pour la partie auvergnate (départements du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme). Environ 60 couples s’y ajoutent côté Rhône-Alpes, principalement dans la Loire, l’Ardèche et la Haute-Savoie.
En France, le Milan royal bénéficie depuis le 24 avril 1972 d’une loi interdisant la chasse de tous les rapaces diurnes. Actuellement protégé en application des articles L-411.1 et L-411.2 du code de l’environnement, il figure dans l’article 3 de l’arrêté ministériel du 29 octobre 2009 modifié fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection.